La culture florissante de la vanille à Madagascar, leader mondial avec près de 70 % de la production, a des conséquences environnementales alarmantes. Une étude de l’Université de Göttingen en Allemagne, publiée fin décembre 2023, révèle une diminution drastique de 47 % des espèces endémiques lorsque cette épice est cultivée en forêt. Ce chiffre préoccupant prend une ampleur particulière dans un pays comme Madagascar, renommé pour ses espèces uniques, dont près de 90 % sont endémiques, selon les données officielles.
Les chercheurs ont scruté la biodiversité dans la région nord-est de Madagascar, analysant arbres, plantes herbacées, oiseaux, amphibiens, reptiles, papillons et fourmis. Leurs conclusions pointent du doigt l’impact négatif de la densité et de la longueur des plants de vanille sur certaines facettes de la biodiversité. Des plants plus denses et plus longs, bien qu’augmentant les rendements, pourraient nuire au développement de diverses espèces d’arbres et de reptiles.
La vanille, qualifiée d’« or vert » pour Madagascar, représente une source de revenus vitale pour des milliers de petits agriculteurs dans le nord-est de l’île. À 250 dollars le kilogramme, elle est la seconde épice la plus chère au monde après le safran. En 2021, Madagascar a tiré environ 602 millions de dollars de ses exportations annuelles de vanille, totalisant près de 2500 tonnes, soit 70 % de l’offre mondiale, selon les données de la Banque centrale.
Cependant, pour concilier prospérité économique et préservation de la biodiversité, les chercheurs de l’Université de Göttingen suggèrent aux agriculteurs de privilégier les terres en jachère, des terrains agricoles inutilisés pendant un certain temps. « Les agriculteurs n’ont pas besoin de défricher pour obtenir des rendements élevés. Ils peuvent valoriser la biodiversité des terres en jachère en y cultivant de la vanille », souligne le Dr Annemarie Wurz, principal auteur de l’étude.