La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) plaide en faveur d’une réforme de l’architecture financière mondiale et d’une refonte du système d’évaluation du risque souverain des pays africains. L’objectif est d’aider le continent à mobiliser davantage de fonds pour lutter contre le changement climatique, face à un déficit de financement estimé à 2500 milliards de dollars d’ici 2030. La secrétaire exécutive adjointe et économiste en chef de la CEA, Hanan Morsy, souligne que malgré la faible contribution historique de l’Afrique aux émissions de gaz à effet de serre, le changement climatique coûte aux pays africains 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) chaque année.
La situation est exacerbée par un cercle vicieux où les déficits d’investissement accroissent le risque d’exposition, aggravant ainsi les effets du changement climatique et restreignant la marge de manœuvre budgétaire. Morsy souligne également que l’Afrique a besoin de 2800 milliards de dollars d’investissements dans les énergies propres d’ici la fin de la décennie.
L’incapacité des pays africains à mobiliser des financements suffisants s’explique en partie par leurs niveaux élevés d’endettement. La lourde dette publique entraîne des dépenses plus importantes pour le service de la dette que pour l’action climatique, avec des intérêts payés à des taux supérieurs de 1,7 point de pourcentage à la moyenne mondiale.
Pour remédier à ce déficit de financement, le secrétaire exécutif de la CEA, Claver Gatete, plaide pour une réforme de l’architecture financière mondiale et une révision du système d’évaluation du risque souverain des pays africains. Il souligne l’importance de résoudre les problèmes de perceptions injustes du risque et de notations de crédit, afin d’offrir à l’Afrique des options d’emprunt plus favorables. Gatete rappelle les données du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui estiment que les pays africains pourraient économiser jusqu’à 74,5 milliards de dollars si les notations de crédit étaient basées sur des évaluations moins subjectives.
En moyenne, chaque Africain a produit 1,04 tonne d’émissions de dioxyde de carbone en 2021, soit moins d’un quart de la moyenne mondiale, selon un rapport conjoint de l’ONU et de l’Union africaine (UA) publié l’année dernière. Le rapport révèle également un taux moyen de réchauffement en Afrique de 0,3 degré Celsius par décennie au cours de la période 1991-2022, comparé à 0,2 degré à l’échelle mondiale.